Pèlerins de l’espérance

La devise de cette année jubilaire est « Pèlerins de l’espérance ». Le pèlerinage à pied et l’espérance sont deux concepts qui résonnent fortement en moi. Quand je pense au pèlerinage à pied, le Chemin de Santiago, que j’ai parcouru à plusieurs reprises, me vient à l’esprit. Quand je pense à l’espérance, je pense au désir de visiter ma Grenade bien-aimée, puisque je vis à des milliers de kilomètres, en Corée du Sud. Je te demande, quelle est ton espérance ? Qu’est-ce qui te vient à l’esprit quand tu penses à faire un pèlerinage à pied ?

La réponse aux questions qui nous sont posées dépend du contexte dans lequel nous avons vécu et de nos expériences de vie. Quel est l’espoir d’un enfant de 9 ans qui traverse la frontière entre la Corée du Nord et la Chine ? Quelles références le mot « pèlerinage à pied » a-t-il pour lui après avoir traversé la frontière entre la Chine et le Laos, en route vers la Thaïlande à travers les montagnes et les routes, fuyant la déportation ?

Cela fait 19 ans que je vis en Corée du Sud et 5 ans que j’ai interviewé pour la première fois un réfugié politique de Corée du Nord qui s’est converti au catholicisme après son arrivée au Sud. Depuis, les histoires de ces frères m’ont conquise. Leur résilience, leur courage, leur désir de vivre et l’histoire de leur conversion sont pour moi une source d’inspiration et, pourquoi ne pas le dire, une source d’espoir.

Laissez-moi maintenant vous raconter l’histoire de deux jeunes catholiques nord-coréens. L’histoire de leur départ du Nord et le processus de leur conversion. Parmi ces pèlerins de l’espoir, certains sont des enfants, comme c’est le cas d’Estela.

Estela (nom fictif) a quitté la Corée du Nord à l’âge de 14 ans (il y a environ 12 ans maintenant). Elle est partie avec sa mère et elles se sont installées en Chine. Sa mère s’est remariée là-bas. Après quelques années de vie en Chine, Estela et sa mère ont décidé de retourner en Corée et ont emprunté la route Chine-Laos-Thaïlande pour se rendre en Corée du Sud.

Pourquoi ont-elles décidé de poursuivre leur fuite une fois en Chine ?

La vie dans la clandestinité n’est pas facile, surtout pour les femmes et les jeunes filles, qui sont toujours vulnérables à la traite, à la prostitution et à la violence. C’est pourquoi il est très courant de repartir après quelques années.

Pour la plupart des réfugiés nord-coréens, la fuite de Corée du Nord est une quête désespérée d’un avenir meilleur, de santé, de nourriture, de médicaments, de paix et d’une vie digne enfin reconnue à sa juste valeur. Un véritable pèlerinage de l’espoir.

Andres, son jeune frère et sa mère ont également parcouru les 6 000 kilomètres qui séparent la Corée du Nord de l’ambassade de Corée du Sud en Thaïlande.

C’est l’un des itinéraires les plus recommandés par les courtiers pour quitter la Corée du Nord. Son père est toujours au Nord et chaque fois qu’il parle de lui, il est ému. Andres avait 9 ans et son frère 7. Il a l’impression que c’était hier quand le courtier l’effrayait en lui disant que s’ils montaient sur le bateau, ils risquaient d’être mangés par des crocodiles dans le Mékong (le fleuve qui sépare le Laos et la Thaïlande et que tous les réfugiés traversent sur leur dernière ligne droite avant la liberté).

Quitter la Corée du Nord peut coûter plus de 2 000 euros par personne, car ils doivent payer le courtier qui les accompagnera jusqu’à leur destination. Ils économiseront cet argent pendant des années et laisseront tout derrière eux, le regard fixé sur leur objectif.

Ce voyage de fuite est une expérience éprouvante qui laisse de profondes cicatrices physiques et émotionnelles. Ils souffrent souvent de dépression, de troubles anxieux et même de PTSD en raison des traumatismes subis dans leur pays d’origine et au cours de leur fuite. Cependant, l’Église catholique, par ses efforts en Corée du Sud, joue un rôle clé dans le processus de guérison. Dans les abris salésiens ou franciscains, les réfugiés mineurs découvrent une nouvelle vie et une nouvelle famille. Grâce à l’accompagnement spirituel et humain fourni par les religieuses et les prêtres, de nombreux réfugiés, comme Estela ou Andres, ont trouvé une nouvelle famille dans l’Église. L’Église leur offre également un accompagnement émotionnel, psychologique et spirituel, essentiel à leur intégration dans la société sud-coréenne.

La conversion au catholicisme de nombreux réfugiés nord-coréens n’est pas seulement un acte de foi, mais dans la plupart des cas un geste de profonde gratitude. Estela, par exemple, a fait l’expérience de l’amour inconditionnel des religieuses qui l’ont accueillie. À cette occasion, elle a commencé à découvrir non seulement la beauté de la foi, mais aussi sa propre dignité en tant qu’être humain. Aujourd’hui, elle poursuit son parcours à l’université, travaillant à temps partiel pour subvenir à ses besoins et contribuer à construire son propre avenir. Mais bien sûr grâce à la force qu’elle a trouvée dans l’Église.

Outre l’aide directe sous forme de bourses et de soutien émotionnel, les efforts de l’Église catholique s’étendent à la création de réseaux de soutien. Grâce à des programmes de tutorat, des groupes de prière et des activités récréatives, des espaces tels que les clubs de jeunes catholiques pour les Nord-Coréens témoignent de l’engagement de l’Église en faveur de la réconciliation, de la paix et de l’intégration.

L’histoire des réfugiés nord-coréens est une histoire d’espoir. Et l’Église catholique, avec sa mission d’accueil et d’amour, devient le phare qui éclaire leur chemin vers une nouvelle aube.

Ester Palma SEMD Corée du Sud

Toutes les photos ont été prises lors du pèlerinage à pied organisé par la Commission populaire de réconciliation du diocèse de Séoul pour les jeunes en août 2024 à travers la frontière (DMZ) pour prier pour la paix et l’unité des deux Corées.

Gema Garcia FerreraPèlerins de l’espérance

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